Nouvel an Hmong à Phonsavan

Publié le par Elo

Nouvel an Hmong à Phonsavan

On en avait entendu parler mais les dates n'étaient pas très claires. Le nouvel an Hmong a lieu à la fin de la récolte du riz. Dans certaines régions montagneuses où il fait plus froid en Chine ou au Vietnam, il n'y qu'une récolte par an qui doit assurer le riz, base des trois repas journaliers de l'ethnie Hmong pour toute l'année. Le nouvel an a lieu après cette période de dure labeur où tout le monde peut enfin prendre un peu de repos. Bref, on l'annonce vers la mi novembre à Phonsavan. On avait quand même bon espoir d'y assister mais on ne savait pas vraiment combien de temps notre boucle dans le Nord nous prendrait et on ne connaissait pas l'état des routes dans cette partie du Laos. On se dit toujours que si la route est trop difficile pour notre petit Camigéon, rien ne sert de forcer. Il nous a déjà fait parcourir tellement de kilomètres en si peu de temps qu'il faut le ménager !!

 

On arrive donc à Phonsavan le 15 Novembre. Une dizaine de jours déja qu'on est perdu dans les montagnes et là c'est un peu le retour à la civilisation auquel on ne s'attend pas. A la recherche d'une connection internet, on s'installe dans un café. La gérante a passé quelques années aux Etats-Unis. A l”intérieur on trouve de gros gâteaux et à côté une petit supérette de produits importés. Ca fait déjà quelques jours qu'on n'a plus grand chose de connu pour le petit déjeuner. En face, il y a une “boulangerie”. Les prix sont élevés mais on trouve de la margarine, de la confiture et du lait. On prend même un pot de beurre de cacahuètes, nouvelle passion d'Eren depuis qu'il n'a plus de beurre !!

 

Le lendemain, on visite une ferme de vers à soie, Mulberries, super intéressante. Le jour d'après la plaine des Jarres vu que c'est le seul endroit sympa où dormir qu'on a trouvé la veille assez tard... on en profite. On se renseigne à droite à gauche. On revoit la guide de la ferme de vers à soie à la plaine des Jarres et on commence à croiser des Hmongs vêtus de leurs habits de fête. Cette fois l'info est confirmée, les festivités du nouvel an commencent pour une semaine !! Cool.

 

 

Les premiers jours la fête commence au sein des familles et des villages. Puisque c'est comme ça, on part en expédition avec le Camigéon à travers les villages voisins. La fête se prépare. Les gens s'habillent. Les jeunes s'entraînent à se lancer la balle et le transport s'organise. La région est superbe, égaillée par la présence des tenues clinquantes et les sourires qui se préparent à la fête. Le nouvel an, c'est aussi l'occasion pour les jeunes de rencontrer les jeunes des autres villages ... c'est à ça que sert le lancer de balle... aux rencontres.

On traverse quelques passages scabreux avec le Camigéon... pont en bois, trous boueux... puis on finit par rebrousser chemins après quelques centaines de mètres de pistes qui commencent à grimper un peu trop à notre goût. En plus, c'est l'heure du bivouac. Comme finalement on ne trouve rien, on se retrouve devant l'entrée du site de la plaine des jarres. Le parking est énorme, désert et au milieu de nulle part avec des coins d'herbes, parfaits pour nous. On arrive plus tôt que la veille mais cette fois, on se fait déloger... pour notre “sécurité”. Bon, nous notre sécurité elle nous paraît plutôt bien assurée mais comme le monsieur qui vient nous le demander gentiment est envoyé par un autre monsieur au fond qui n'a vraiment pas l'air content, on promet d'obtempérer après le repas ?! On couche les enfants et on part quelques centaines de mètres plus loin au bord d'un coin d'eau tout aussi sympa. Après nos bivouacs nature, le retour à la ville, pourtant pas si grande nous perturbe !! Le lendemain après la première soirée au nouvel an, on se fera réveiller par le gardien du monument dédié à la guerre à côté duquel on s'est installé sur les hauteurs de la ville. Il ne nous a pas vu arriver en pleine nuit et se demande bien ce qu'on fait là alors qu'à 10h30 il n'a encore aperçu aucun mouvement !! Quand les enfants sortent, il se détend, on s'explique et le problème se dissipe. On est bien quand même au Laos. Tout est simple. Du coup, on peut encore admirer un peu la vue dans cet endroit aux faux airs de provence (les pins, les grillons et les fleurs violettes sans doute...).

Mais bref !! Tout ça pour en arriver au nouvel an Hmong qu'on a finalement bien arpenté. La fête a lieu au milieu des collines rouges et vertes au nord de Phonsavan. En soi, au premier abord, rien d'extraordinaire. Une fête foraine agrémentée d'une scène à karaoké. Et pourtant, dès le parking c'est un défilé de couleur qui nous assaille. Les familles s'entassent dans des camions à bétail parés de leur plus beaux costumes qu'ils ont préparé parfois pendant un an. On nous a dit que les Hmongs venaient non seulement de tous le Laos pour y assister mais aussi du monde entier notamment des Etats Unis où vit une communauté Hmong. Et c'est vrai, on en a rencontré quelques uns dont certains découvraient leur pays d'origine pour la première fois. Les Hmongs sont composés de plusieurs sous groupes, les hmongs noirs, les hmongs bleus, les hmongs fleurs et sûrement d'autres encore. Entre eux, on les distingue par leurs tenues. Pour le nouvel an, les femmes sont vêtues de coiffes parfois impressionnantes. Les tenues se sont largement modernisées. Certaines jupes sont raccourcies, plus cintrées et ce qui m'a le plus surprise c'est le concours de chaussures à talons auquel on assiste. Même les plus jeunes filles ont des chaussures qui les perchent haut en altitude mais ce qui est drôle, surtout pour moi qui ne porte jamais de talon, c'est que le terrain n'est pas du tout adapté !! On est quand même en montagne au milieu des collines sur de la terre. Alors, la plupart portent leurs chaussures à la main après de vains efforts pour les garder. Il faut dire qu'à l'arrivée on est autant subjugué par la beauté des tenues que par celle des paysages qui entourent la fête.

 

 

 

Au milieu un terrain qui accueille match de foot l'après-midi et combats de taureaux le matin et autour, des collines pour échapper aux taureaux ou aux joueurs de foot... au choix !! Les gens sont installés partout abrités de la pluie ou du soleil, selon les jours, sous leurs ombrelles multicolores. Et c'est un océan d'ombrelles qui s'étend à perte de vue sous le ciel bleu. Certaines avancent au rythme de la foule, d'autres se reposent ou admirent la vue. Seule ou à deux.

 

 

D'un côté le marché et ses stands de jeux et de nourritures. De multiples gargotes proposent un large choix de nourriture. On peut aussi acheter à la sauvette du bamboo rice, riz gluant cuit dans des morceaux de bambous, rouge clair et parfois légèrement aromatisé, des fruits coupés, avec ou sans piment, des brochettes en tout genre.

 

De l'autre côté, la fête foraine, auto tamponneuse et manèges qui fonctionnent sur batteries pour les plus jeunes. Tirs à la carabine, tir de fléchettes dans les ballons, stands de peluches à tous les coups tu gagnes... et là il nous a fallu user de nos arguments les plus rusés pour ne pas se retrouver avec une cargaison de peluche dans le Camigéon. On a tout de même hérité de trois chiens qu'on pourrait qualifier d'errants mais c'est comme ça que les enfants les préfèrent !! Au moins aux fléchettes tu gagnes des boissons et finalement c'est ton taux de sucre dans le sang qui monte en flèche et ça, ça n'augmente pas le PTAC du Camigéon, juste tes chances de finir victime d'un infarctus plus jeune que prévu... arghh... Je dis ça mais moi j'en bois pas, ah ah !!

 

Ce que j'appréhendais un peu ce sont les combats de taureaux... Pas que les matchs de football me passionnent au contraire... On a vu aussi de belles partis de foot-volley et de volley tout court. Le truc ingérable c'est que la foule est agglutinée sur les lignes de terrain et que les joueurs ne peuvent juste rien faire si la balle sort !! Ils doivent avoir l'habitude parce qu'ils le prennent très bien.

Quand Nael a entendu parler de combats de taureaux, ça lui a trop donné envie d'y assister. Moi beaucoup moins mais la vérité c'est que je n'en ai jamais vu. Je me suis dit que finalement, de les voir ça pourrait aussi leur montrer que franchement, c'est pas drôle... Un matin on est arrivé à l'heure où les combats avaient lieu. Alors on est monté voir ça d'en haut, c'est plus prudent... mis à part que, comme avec Loulou on est parti en quête d'une ombrelle parce que le soleil tapait vraiment et qu'on est revenu juste au mauvais moment... Je n'ai pas vraiment eu le temps de voir mais Loulou a évité de justesse le taureau qui sortait de l'arène pendant que j'essayais de lui attraper la main pour la faire monter. A dire vrai, les taureaux zébus foncent dans la foule pour s'enfuir et pas du tout pour charger qui que ce soit. La vérité c'est que les zébus sont des animaux plus que pacifiques. Le combat a lieu entre animaux mais en fait la plupart du temps il n'a pas lieu... dès qu'un animal tourne le dos le combat est fini. La plupart du temps ils se tournent autour et il y en a toujour un qui s'en va !! Quand le combat a lieu, c'est un combat de territoire assez rapide. Y'en a toujours un pour tourner les sabots rapidement. C'est là où le propriétaire doit être rapide et l'attraper avant qu'il n'arrive dans la foule parce qu'il n'y a évidement pas de barrière de sécurité !! Le plus cruel c'est qu'ils ont un anneau à leurs naseaux sur lequel le “dresseur” tire pour les envoyer au combat... J'imagine que la douleur est sensée les inciter à la violence... mais quand on voit ses pauvres bêtes qui n'ont qu'une envie c'est d'aller brouter de l'herbe en silence et ruminer paisiblement !! Les enfants ont été touchés parce que certains avaient des plaies autour des cornes. En tout cas on a rien vu de vraiment spectaculaires à part quelques courses dans la foule. Mais ce n'était que les premiers jours... On n'est pas resté jusqu'à la fin des festivités, c'était un peu long pour nous.

 

 

 

 

Le soir on a fait incursion dans la seconde place de la fête, fête foraine, tripot de rue, marché et grande scène. Apparemment les gens qui se produisaient là devaient être connus malgré les bande son en fond sonore !! Ce qui nous a fait bizarre c'est qu'en face de la scène, il y avait un carré VIP géant avec tout à volonté et autour tous les gens qui ne rentraient qu'après les VIP et restaient debout... Le niveau festif n'était pas à son paroxysme... les gens étaient assez statiques... la plus grand marque de joie qu'on ait vu c'est les gens aller donner aux artistes sur scène des billets ?! Les artistes les reçoivent très simplement. Là où ça se complique c'est pour les danseurs en pleine chorégraphie qui doivent récupérer un billet qu'on leur tend. Le deuxième soir, il y avait une loterie sur scène entre les morceaux et c'était un peu long... d'autant qu'on y comprenait pas grand chose. A part qu'on voyait les gens monter sur scène récupérer leur lot après 1/2h de blabla du présentateur. J'aurais bien aimé voir l'ambiance des derniers jours, le week-end avec l'arrivée du nouvel an mais, encore une fois, la route nous appelle !!

 

 

 

 

Publié dans Laos

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