Accrochage au Myanmar

Publié le par Elo

Accrochage au Myanmar

Le voyage en Birmanie continue à une allure soutenue. Nous passons beaucoup de temps sur la route ou plus précisément sur les routes secondaires. Çà nous laisse le temps d'admirer le paysage, et surtout les scènes de vie magnifiques et totalement dépaysantes malgré les quelques mois de voyage que nous avons derrière nous. La Birmanie est comme un sas entre l’Asie du Sud-est et l'Inde. Nous épuisons toujours nos yeux à admirer tant de beauté. Il fait très chaud toute la journée. Heureusement le soir on respire un peu et là on se dirige en montagne vers le lac Inle ce qui va nous faire du bien.

Sur la route on marque quelques arrêts.

On passe une nuit à Taungoo qu'on a même pas le temps d'apercevoir. Fatigués par la route, on choisit de flâner dans l'hôtel de luxe où nous sommes garés : promenade le long du lac avec vue sur le temple de la ville, piscine olympique pour les enfants et restaurant.

On contourne Nappidaw, la capitale du Myanmar et on s'arrête pour visiter la pagode Uppatasanti. Elle est construite sur une colline artificielle, autour d'un stupa d'or qui abrite une réplique de la relique chinoise de la dent de Bouddha de taille identique à celle qu'abrite la fameuse pagode Schwedagon de Yangoon. La pagode est simplement gigantesque, démesurée presque.

Les bâtiments administratifs qui l'entourent sont également des constructions immenses et belles. Les espaces sont très grands mais il y a peu de monde. C'est aussi ce que j'ai lu sur Nappidaw mais nous n'avons pas vérifié.

A l'entrée, il y a des éléphants blancs. Ces éléphants sont sacrés. Leur particularité démontrerait leur origine divine. On pense qu'ils sont en conséquence dotés de pouvoirs magiques. En trouver un est un signe de chance extrême. La mère de bouddha aurait rêvé d'un éléphant blanc pendant sa grossesse, la veille de la naissance de bouddha. Il lui offrait une fleur de lotus, symbole de pureté. Scène qui est d'ailleurs sculptée à l'intérieur de la pagode parmi d'autres scènes de la vie de bouddha. Ces éléphants sont synonymes de pouvoir et de puissance et très recherchés car ils sont sensés asseoir la puissance du roi sous le règne duquel on les trouve. En Asie, on cite souvent le roi de Thaïlande mort récemment, le roi Rama 9 dont le règne a été particulièrement long. Pour les Thaïs, ce n’est pas un hasard si le roi Bhumibol, dont le règne a été d’une longueur exceptionnelle tout en correspondant à une ère sans précédent de paix et de prospérité, est également le souverain qui, de toute l’histoire de la Thaïlande, possède le plus de pachydermes blancs.

Bon, en même temps , j'ai envie de dire que si son règne a été un des plus longs de toute l'histoire, forcément, il a eu plus de temps pour trouver des éléphants blancs. Mais, je ne voudrais pas être taxé de mauvais esprit...

La vérité, c'est que ce sont des éléphants albinos... j'essaye d'aborder le sujet avec M. Zaw mais j'ai à peine prononcer le terme “maladie”, un peu maladroit, certes, qu'il lève de grands yeux, me dit “no, no” et tourne le dos. Bon, je crois que j'ai gaffé. Ces éléphants ne sont pas blancs bien sûr mais plutôt beige tirant un peu sur le rose, avec de petits yeux bleus transparents. Ils sont majestueux, mystérieux, un peu malheureux aussi.

J'interroge M. Zaw sur la présence d'un petit éléphant, gris ordinaire. Il me répond que celui-ci est le bébé de 2 éléphants blancs et que c'est pourquoi il est autorisé à rester là... Hum, hum... et ça ne vous met pas la puce à l'oreille, sinon ?!

Bon après on va pas en rajouter sur le sujet mais ces éléphants ont beau être royaux et sacrés, ils portent des chaînes aux pattes et vivent dans un très petit espace. Je me rassure en me disant que la grande forêt derrière les enclos leur ai sûrement réservé... Hum, hum...Etre éléphant royal c'est pas une situation !!

Malgré tout, j'ai du mal à m'arracher à leur regard fascinant, ces petits yeux translucides et perçants qu'on entrevoit difficilement au milieu des plis que fait leur peau épaisse à la couleur si particulière. On dirait que ces éléphants blancs sont plein de rides et qu'ils nous regardent du fond de leur mémoire d'éléphant, empreinte d'une sagesse profonde. Pas étonnant qu'ils soient recherchés, les pauvres.

Revenue sur terre, je cours pour rattraper tout le monde et nous voilà parti pour la visité du temple, une volée d'escaliers, quelques selfies, un toit immense et du doré partout. Des scènes de la vie de bouddha en marbre blanc. On trouve aussi des lumières de toutes les couleurs au milieu des colliers de fleurs et des bouddhas divers et variés, tout ça ajoute encore une touche de kitsch à l'ensemble. Ici, aussi, on peut noter que le bouddhisme tellement encensé, est un brin machiste. Certaines parties sont interdites aux femmes, qui n'ont souvent pas le droit de toucher les représentations de bouddhas, pas plus que le rocher d'or, ni le droit de dorer tous ces objets avec les petites feuilles d'or produites en gros dans le pays.

L'esplanade qui entoure le temple est elle aussi impressionnante et offre un large panorama sur les environs.

On vole quelques minutes de tranquillité avant de reprendre la route.

L'arrêt suivant se fait dans la ville de Kalaw juste avant le lac Inle. On rencontre une famille française qui voyage en sac à dos avec qui on passe la soirée au restaurant. Le matin, on traîne un peu au marché, plein de couleurs et d'odeurs (bonnes et moins bonnes). On a pris l'habitude d'essayer d'éviter la partie viande, surtout depuis que la chaleur monte... Il faut dire que, entre l'odeur et la vue, y'a de quoi devenir Vegan.

Je tombe en admiration sur une fond de ruelle occupée par des paniers immenses, en osiers, dissimulés derrière la fumée des encens. Ils brulent sur un magnifique reposoir en métal, à côté d'une théière qui chauffe tranquillement sur un brasero. De l'autre côté, une femme travaille sur une vieille machine à coudre à pédale de toute beauté. La vapeur et la fumée qui entourent la scène lui donnent un côté irréelle qui donne envie de s'y attarder. C'est ce que je fais en attendant Vincent. Eren s'amuse à mes côtés, alors la vendeuse d'en face vient lui donner 3 sucettes entourés de papier translucides à paillettes Elles s'accordent parfaitement au côté surannée de la scène que nous admirons. Le sourire délicat de la vendeuse aussi. Eren est ravi. Lounela et Nael aussi, ils n'ont jamais vu d'aussi belles sucettes et hésitent un instant à les manger... enfin, juste un instant!!

Évidement, je n'ai plus de piles dans mon appareil photo, , depuis quelques temps, nous avons vraiment un problème de batterie cellule!!

Nous reprenons la route en direction de la grotte aux milles bouddhas de Pindaya. Vue la montée, on laisse le Camigéon en bas et on s'entasse dans la voiture de M. Zaw. L'entrée de la grotte est surprenante avec ses statues enfantines : araignée, globe, archer... Au fur et à mesure qu'on gravit les étages, la vue plongeante qui s'offre sur la vallée environnante est à couper le souffle. Une rivière divise le paysage en deux parties, bordée d'un côté par une succession de petits stupas dorés. Nous sommes sur une colline et les toits du temple descendent en cascades rouges jusqu'en bas. La falaise est parsemée de coiffures à clochettes dorées qui tintinnabulent au rythme discret d'un léger souffle de vent.

Après cette belle découverte nous pénétrons dans la grotte aux milles bouddhas. Un Chedi domine l'entrée. C'est du doré partout qui illumine les parois sombres de la grotte. Il y en a partout, des bouddhas de style et de tailles différentes. C'est quand même amusant d'observer ces statues du même personnage, toutes différentes. Les enfants vont de l'un à l'autre avant de se rendre compte qu'en plus de ça, il y a des passages, des recoins et des souterrains partout. C'est à qui trouvera le premier un nouvel endroit secret. Il y a certains passages où seuls les enfants peuvent pénétrer. De bonnes cachettes pour échapper aux demandes de selfies répétées !!

Bref, on s'amuse quand même pas mal dans cette grotte et en plus on se cherche les uns les autres avant de repartir à la recherche de recoins déserts. Résultat, encore une fois, la visite prend un peu plus de temps que prévu.

La route qui mène à cette grotte aussi est magnifique : une succession de rizières, de coins de forêts et de rivières. De temps en temps, on passe devant des habitations en bois devant lesquelles les enfants jouent avec rien tandis que les parents s'affairent, qui dans les champs, qui dans la maison. Les saris colorés des hommes et des femmes égayent les paysages de taches vives.

On fait un arrêt dans une fabrique d'ombrelles, un endroit qu'on sent prévu pour le touriste mais où les artisans sont tout de même très impressionnants. Les filles nous montrent comment elles fabriquent le papier de bambou qui recouvrira les ombrelles. Elles y incrustent des feuilles et des fleurs au hasard ou de façon ordonné. Elles invitent gentiment les enfants à se joindre à elle mais aujourd'hui ils sont timides. On est ensuite époustouflé par le savoir faire de l'ébéniste qui, à l'aide de ciseaux à bois et de machettes grossières nous montre comment il fabrique de A à Z le support de l'ombrelle entièrement en bambou et en 2 temps 3 mouvements. Ouah !!

En bref, on a perdu du temps et il commence à se faire tard, il faut rejoindre la ville de Nyaung Shwe pour y passer la nuit. Quand on y arrive, un tableau incongru s'offre à nous. Le camion de Pat et Aurel est au milieu de la route et provoque visiblement un bouchon. Au début, on ne comprend pas trop ce qu'il se passe mais on imagine assez bien la tête que doit faire M.Zaw dans sa voiture.

On apprend finalement que les copains ont accroché un fils électrique et arraché un poteau et un bout de balcon. Aïe, aïe, aïe... tout ça va leur coûter une soirée au poste à négocier et une somme rondelette pour les réparations... Un début d'infarctus pour M. Zaw et de la salive pour M. L'officier qui visiblement prend la parole au poste, lui qu'on n'entend jamais.

Nous, on est rapidement écarté de la scène au prétexte que tout le monde nous regarde et qu'il vaut mieux être discret... Ça nous avait pas vraiment choqué jusque là vu que, depuis le début du voyage, partout où on s'arrête tout le monde nous regarde... Bref, on est remisé dans un parking d'hôtel où l'accueil est moins souriant que d'habitude. On nous relègue même dans les sanitaires du personnel... Nous qui commencions à prendre goût au luxe des grands hôtels !!!

En tout cas cette histoire va nous suivre pendant un moment. D'abord, elle paraît dans le journal et ensuite, elle rend notre accompagnateur de fort mauvaise humeur. L'article dans le journal nous fait rire mais pas M.Zaw. Il est carrément hors de lui... oups... Il nous explique que pour lui c'est un tas d'ennuis... des appels en permanence pour savoir où on est et si tout va bien. D'après lui, les gens se préoccupent vraiment de notre bien être et veulent que tout se passe pour le mieux. Du coup, on est attendu de pieds fermes à chaque endroit prévu dans le programme. D'ailleurs à la suite de ça, il finit par prendre un jeune chauffeur à Mandalay qui s'ajoute au convoi dans un silence souriant. Bon. Tout cela a une étrange résonance pour nous mais le voyage continue.

 

 

Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar
Accrochage au Myanmar

Publié dans Myanmar

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article