Le Mekong Kampong

Publié le par Elo

En descendant de nos montagnes éléphantesques, on ne résiste pas à une nouvelle étape au bord du Mékong. On se rend à Kampong Cham, une ville un peu plus grande que Kratie qui nous fait un peu peur à l'arrivée. Comme d'hab, on y arrive à la nuit tombée. Il faut traverser un pont pour entrer dans le cœur de la ville et arrivés au milieu de celui-ci, on aperçoit des projecteurs le long du fleuve de toutes les couleurs et plutôt impressionnants. Les stroboscopes sont en marche et la lumière déchire la nuit étoilé qui surplombe le Mékong. Du calme des montagnes à l'agitation de la ville, on se demande où on a atterri. Après une journée de route, on a un peu la flemme de se lancer dans la vie quotidienne alors on décide d'aller au restaurant et de voir ça de plus près. On se dégourdit les jambes avec une ballade au bord de notre Mékong préféré qui, malgré la ville est toujours aussi agréable et source de fraîcheur. En soirée, les familles sont de sortie comme nous d'autant qu'on est en plein week-end. On se dit que c'est quand même la première fois qu'on le voit aussi urbanisé puisque même à Vientiane, tout une partie du fleuve est complètement sauvage avec, quand on y est passé des herbes folles entre les sentiers. En suivant le brouhaha on trouve la source lumineuse qu'on a aperçu depuis le pont : un festival de foot de rue qui bat son plein. Sur la scène se produit une jeune femme qui mixe, bientôt remplacé par un groupe d'hommes, un peu dans le genre boy's band. C'est sympa hein, mais après le bruit du Camigéon toute la journée dans les oreilles, on préfère quand même se trouver un endroit plus calme.

On repère un resto qui est aussi un projet à but social : ce sont les élèves d'une école de restauration qui cuisinent et servent.Le restaurant est agréable, l'ambiance simple, tant mieux, les enfants sont un peu électriques.

En cherchant un petit coin pour la nuit, on tombe sur un pont tout neuf qui conduit sur l'île qu'on voulait visiter le lendemain en deux roues. On se pose pour la nuit à côté, au bord du fleuve. Au matin, on se rend compte qu'on est juste à l'emplacement des gargotes de rue du coin. Elles sont installées sous de grands arbres où des oiseaux chantent de manière inconnue pour nos oreilles occidentales. On essaye de les apercevoir mais rien à faire, ils sont timides. Leurs terrasses ont vue sur l'île de et surtout sur le pont en bambou qui permet aux piétons et aux deux roues de s'y rendre. Le pont est tout en longueur et très bucolique. Il paraît qu'avant la construction du nouveau pont, les camions passaient par là. Franchement, avec le Camigéon je ne m'y verrai pas!!

D'ailleurs, notre fidèle destrier intrigue et on reçoit des visites sympathiques de bon matin. Un tas d'enfant sont là et suivent chacun de nos pas. Après un bon café du plateau des Bolovens dont on a fait une bonne réserve, on décide d'aller poser nos roues sur l'île d'en face. Avant ça, on fait un détour par le phare du coin, abandonné et avec un escalier vertigineux dont nous ne venons pas à bout.

La construction du pont n'est pas tout fait terminée. Il reste des finitions mais il est déjà utilisé. Sur l'ile pas de goudron seulement des pistes un peu étroites mais sympa quand même. On trouve un bivouac idéal, dans un petit chemin, plat et avec vue sur le Mékong, le pont en bambou et les terrasses du matin. Finalement, on n'a pas envie de faire grand chose alors on prend notre temps. On s'occupe du Camigéon et des enfants et quand la chaleur tombe on va arpenter les champs voisins. On y rencontre des vaches, blanches toujours, des chevaux, des oiseaux et des points de vue sur le Mékong juste super.

On finit à la plage pour se rafraîchir après un nouvelle journée de chaleur. Comme à Kratie, un espace immense a été aménage avec des paillotes, des tables à même le sable, des gargotes et des néons de toutes les couleurs. Pour un peu on se croirait à  noël. Pendant qu'on se rafraîchit dans l'eau, Nael trouve des copains avec un ballon et se donne à fonds. On hésite à manger sur place mais on décide finalement de tenter la Mékong Bamboo hut pas loin d'ici.

C'est une guest house toutes simple, tenue par des français où l'on dort dans des hamacs. L'ambiance est détendue et on y parle français à outrance. On y retrouve Yas et Lucas, un couple en camion comme nous qu'on a croisé en Chine. Pure coïncidence, trop drôle, le couple qui tient le lieu est un couple d'amis à eux. Pour faire une pause dans leur voyage, ils sont là depuis 2 mois déjà à leur prêter main forte. Ils ont quand même eu le temps d'aller faire un tour à Bali. On passe donc la soirée là. Les enfants s'endorment dans les hamacs mais il faut les réveiller pour regagner le Camigéon par le petit sentier qui longe le Mékong. De nuit, sans lumière et sans lune on y entend un tas de bruits étranges ponctués par les aboiements des chiens. Les lucioles brillent ça et là pour nous indiquer le chemin. Les imaginations enfantines à peine réveillées bondissent de créatures étranges en lieux insolites. C'est dans une sorte de rêve éveillé que nous regagnons le Camigéon. Lui nous attend sagement, rassurant au milieu des bambous qui eux aussi chantent dans la pénombre. Nos petites têtes blondes sont contentes de' s'allonger dans leurs lits, bienvenus pour repartir aux pays des rêves et du repos bien mérités.

La nuit est douce sur notre île et le matin nous sommes à l'ombre des bambous. On s'offre une "grosse matinées" comme disent certains. Seule Loulou se fait une bonne frayeur. Alors qu'on déjeune dehors on entend un grand cri à la porte du Camigéon. En sortant, elle a vu “un énorme serpent très long et tout noir qui voulait traverser la route” mais a fait demi tour quand elle est passée. Après vérification il y a effectivement un serpent noir de bonne taille qui demi-tourne à nouveau dans les bambous quand il m'aperçoit. Bon, dans un milieu comme celui-ci on se doute bien qu'on n'est pas tout seuls... on fait attention. Les serpents c'est pas trop ma passion dans la vie mais, finalement, on n'en a pas vu tant que ça depuis le début. Celui là semble de bonne taille et luit dans les feuillages mais finalement il a l'air aussi apeuré que nous!!

Pour aujourd'hui, on a prévu un tour à vélo dans l'île. On a tous hâte... A peine prêt à partir, Nael lui pourtant si doré vire soudain très pale et rend son petit déjeuner. Le pauvre, ce n'est que le début d'une longue série et la première gastro du voyage pour lui, la plus sérieuse de la famille aussi. Il passe une sale journée et nous nous rabattons sur la visite des temples du coin en camion. Toujours altruiste, il nous répète que pour lui rouler ou pas ça ne change rien, du moment qu'il a sa cuvette et son lit. Le pauvre passe vraiment une sale journée. Nous on découvre les temples anciens devenus studio photo pour jeunes couples. Ils se font habillées, coiffés, photographiés au milieu des ruines. Une véritable reconversion pour ces lieux de cultes sublimes. Puis on se rend sur les temples des collines alentour avec point de vue et squatteurs à 4 pattes. Nael lassé de vomir, on essaye de le distraire un peu avec les singes qui envahissent les temples mais il est même trop faible pour rigoler. On regagne notre petit paradis et je reste avec les enfants fatigués par cette journée tandis que Vincent va passer sa dernière soirée au Mekong bamboo hut.

 

Publié dans Cambodge

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