Les éléphants et les arbres du Mondulkiri, des espèces en voie de disparition...

Publié le par Elo

Les éléphants et les arbres du Mondulkiri, des espèces en voie de disparition...

Sur la route, depuis le début, ce qui nous frappe, ce sont ces grands feux allumés un peu partout et les étendues noires, brûlées qui nous entourent. Enre le Ratanakiri et le Mondulkiri, la chaleur est étouffante et il y a peu de végétations. Elle réapparaît dès qu'on s'approche du Mékong aux bords duquel foisonnent cultures et rizières. Au Cambodge, la déforestation va bon train. On a même entendu dire que le gouvernement donne des primes pour la déforestation d'espaces dédiés à la culture dans ces régions où la population est pauvre et manque souvent de nourriture. Les brasero ajoutent à la chaleur ambiante. Ces feux ne sont pas surveillés. Au Mondulkiri, nous apprenons qu'ils aident l'herbe verte à repousser à la saison des pluies. En effet, avec la saison sèche, les herbes poussent drues, en broussailles solides et cachent la terre du soleil qui régénère la végétation quand la pluie arrive. Il paraît qu'en Australie, on fait de même et vu de près, on comprend effectivement. Par contre, notre guide nous affirme que rien n'est fait pour que le feu ne dépasse pas le terrain à brûler ni pour sauver les arbres. Il affirme qu'au Cambodge ; le feu s'arrête à leurs pieds. Les esprits bienveillants les entourent et veillent à leur sécurité. Bon, franchement, sans être trop terre à terre, on a quand même vu un grand nombre d'arbres calcinés sur notre route mais il est vrai que sur les terrains brûlés, certains sont encore vaillant, branches tendues vers le ciel, silhouettes décharnées au milieu de cette terre noire brûlée, désertique et assoiffée. Le long de la route, l'odeur de cramé est omniprésente. C'est la saison des feux.

Il nous a aussi expliqué une certaine vision du manque d'arbre dans le Mondulkiri... étrangement, les terrains arrosés d'agent orange pendant la guerre du Vietnam ne laisseraient plus les arbres se développer. D'après lui, à chaque fois qu'on essaye d'y planter une jeune pousse, sa croissance commence bien et passé un certain stade, l'arbre dépérit. C'est exactement l'action de cet herbicide utilisé de manière surdosée pendant la guerre. Il y aurait ainsi des pans entiers de terrains devenus stériles. Mais bien sûr, personne n'en parle.

 

Malgré tout, quand nous arrivons au Mondulkiri, on retrouve la fraîcheur des hauts et de la végétation. Sen Monorom est une bourgade paisible plantée sur un plateau. Les environs sont jalonnés de cascades en tout genre. Il y a aussi des parcs naturels et quelques animaux sauvages encore présents, des chercheurs d'or aussi et des pistes pour tous les goûts!! On a finalement plus exploré les alentours, balades en forêt, dans les villages et sur les pistes rouges. Mais la raison de notre présence est avant tout les éléphants. Dans la région, il y en a quelques uns ; ceux qui sont harnachés pour être montés et ceux qui sont récupérés par des associations et ONG dans les villages pour retrouver une vie sauvage. Nous avons décidé d'aller à la rencontre d'une de ces asso et après différentes recherches et conseils, nous choisissons le Mondulkiri wildlife sanctuary, projet porté par le LEAF, une ONG cambodgienne. Le prix a pas mal orienté notre choix car les tarifs vont du simple au double. L'ONG annonce essayer de sauver 5 éléphants et le programme de la journée est alléchant. On essaye de négocier pour coupler ça à un trek et une nuit dans la jungle mais les enfants sont trop jeunes pour la marche annoncée... Visiblement il n'y a pas d'adaptation possible... Le rendez vous est donc pris pour le matin.

On part à la recherche d'un bivouac après un petit tour dans la ville. On fait le tour des points de vue de la région. On y rencontre des singes assez coquins et quelques touristes sympathiques. Il faut dire que le Camigéon intrigue régulièrement et nous devons souvent expliquer notre trajet. C'est là qu'on trouve l'endroit parfait pour la nuit, au milieu de nul part, au frais et au calme.

Le matin Eren et moi sommes réveillés pour aller admirer le lever du soleil sur la forêt environnante et le concert d'oiseaux qui l'accompagne. On est sur un point de vue qui domine la forêt environnante. Plus on s'approche plus le son monte. On entend des dizaines de cris d'oiseaux différents qu'on a du mal à identifier. On les voit voler au dessus des arbres dans le ciel d'un bleu encore endormi. Pendant ce temps, le soleil se lève doucement pour allonger les ombres devant nos pieds. Un moment merveilleux pour débuter cette journée tant attendue.

En plus, on trouve un petit café boulangerie qui fait de délicieux gâteaux comme on n'en avait pas mangé depuis un moment, perdu dans une petite rue de la ville. Après ça, on monte dans le camion direction la forêt enchantée. On est accompagné d'un couple d'Australien qui voyagent tant qu'ils peuvent maintenant qu'ils sont à la retraite et souvent en moto, et de deux portugais, une mère et son fils, dont la première a ouvert une école à Siem reap pour donner des cours d'anglais, de danse et autres aux enfants des villages environnants. Le groupe est sympa, le guide aussi. Au camps de base, il a en plus, une petite amie française qui est là depuis quelques mois et que les enfants sont ravis de trouver. C'est la seule avec qui ils peuvent discuter et elle adore les enfants. En plus, elle aussi a visité le Laos et le Vietnam et elle connaît bien les éléphants maintenant.

Alors, soyons honnête... nous avons été un peu déçu par le temps passé avec les éléphants... sur le programme, on avait l'impression qu'on les verrait toute la journée et, en fait, on a surtout passé notre temps à les attendre. C'est peut-être dû au fait qu'il n'y en avait plus que 3 : un des éléphantes était morte quelques mois plus tôt et un des mâles, en rut, était de retour au village parmi ses propriétaires qui savaient gérer ça... en l'attachant, visiblement... Le guide a très bien gérer toutes les attentes et nous avons appris beaucoup de choses. Au final, nous avons rencontré une première éléphante une heure après notre départ. Elle était dans la “jungle” avec son mahout et nous avons pu lui donner des bananes. On a appris que quelques semaines plus tôt, elle avait failli tuer son mahout qui n'avait pas sa baguette en main, baguette en bois spécial qui les fait obéir. Ce bois est celui qui a servi lors de leur capture et les éléphants, visiblement s'en rappelle toute leur vie et le craigne. D'après nos différentes recherches et lectures, les éléphants ont de quoi craindre ce bâton puisque lors de leur capture, il serre littéralement à les briser, les dénaturer, leur retirer leur côté sauvage. Les éléphants seraient séquestrés, sans manger (ce qui est leur besoin principal et primordial) et battus jusqu'à devenir dociles. Après ça on peut les faire porter des charges lourdes ou des touristes pendant des heures. Les mahout l'ont toujours avec eux sous peine de révolte.

Ensuite, nous avons visité un verger, on s'est baigné dans une cascade, on a mangé, on s'est reposé... tout ça jusqu'au bain des éléphants, deux autres. Une fois rentrés dans l'eau, les éléphants y restent 10 minutes. Après ça, ils sont restés un peu au camp. Le gros mâle réclamait visiblement quelques friandises et ne voulait plus partir !!

La rencontre avec les éléphants a vraiment été magique. C'est vraiment impressionnant de se retrouver là, juste à côté de ces animaux gigantesques, de les voir évoluer, s'approcher. Lorsqu'ils sont à l'eau, ils deviennent alors complètement inoffensifs et on peut alors les arroser, les toucher et rester à proximité sans risque. Ce n'est pas non plus toujours rassurant quand on sait qu'ils peuvent se mettre en colère si on les approche trop. La difficulté de ce genre de projet tient au fait que la gestion entre un véritable retour à la vie sauvage et le fait de pouvoir approcher ces éléphants est un équilibre délicat à trouver. Les éléphants ont besoin de leur mahout, ils ont un lien très fort avec eux, les ont parfois vu naître et grandir et sont visiblement très possessifs. Notre guide nous a dit que les éléphants ne rencontraient jamais la compagne des mahout sous peine de représailles. Les ONG ont besoin des touristes pour financer leur projet. Un éléphant coûterait 500 000 dollars et le LEAF les loue pour un an à leurs propriétaires à raison de 500 dollars par mois. Il faut ajouter le besoin d'un espace naturel suffisamment grand et fourni pour que des éléphants puissent y vivre. Un éléphant mange entre 18 et 22h par jour. C'est son activité principale, indispensable à sa survie et à son bien être. Il dort 2h, doit marcher et se laver chaque jour pour protéger sa peau. Les éléphants appartiennent toujours à leurs propriétaires qui vivent dans des villages où les traditions perdurent. Les éléphant y sont depuis des générations des membres à part entière de la famille. Nous avons donc appris que les éléphants ne pouvaient se reproduire car pour faire des bébés, ils doivent être mariés. Or, un mariage d'éléphants coûte encore plus cher qu'un mariage ordinaire; plusieurs milliers de dollars. Il faut sacrifier un tas d'animaux mâles et femelles. Les pauvres finissent donc leur vie vieille fille et vieux garçon par manque de fonds !! L'ONG essaierait donc de faire évoluer les mentalités mais le processus est long. En attendant, les éléphants sont menacés d’extinction dans ces régions. Dans les villages, ils sont exploités, obligés de travailler des heures durant sans pouvoir répondre à leurs besoins primaires, ou laissés enchaînés lorsqu'ils ont été remplacés par des tracteurs. Toutes ces informations viennent du projet que nous avons rencontrés. Bien des questions sont restées en suspend. Je crois que d'autres projets fonctionnent encore bien différemment.

Alors, si nous avons été un peu frustrés de ne pas pouvoir juste les observer plus longtemps, dans leurs occupations quotidiennes, nous avons aussi compris l'esprit du projet qui est d'essayer de rendre à ces animaux leur liberté. Notre guide nous a expliqué que de nombreux touristes ne pensaient qu'à les toucher, les approcher ou les monter. Leurs comportements sont nocifs et dangereux. La jeune française sur place nous a raconté que depuis qu'elle a vu un des éléphants faire voler le guide quelques mètres plus loin d'un simple geste, elle se méfie et elle garde ses distances. Elle a appris à les respecter.

Après une dernière baignade dans une cascade, nous sommes rentrés des étoiles plein les yeux et des rêves encore à réaliser. Pour rester dans le même esprit, nous avons passé la nuit dans la jungle près de la cascade Bousra. Une nuit à écouter les bruits qui nous entourent. Le matin, je ne sais pas si ce sont les chants d'oiseaux ou la caresse des premiers rayons de soleil qui m'ont réveillés mais je suis resté un moment à en profiter, simplement. Nous avons commencé cette nouvelle journée par une baignade aux pieds de la cascade, certes très belle mais un peu trop touristique à notre goût. Nous avons donc repris la route, à nouveau vers le Mékong mais un peu plus au sud.

 

Publié dans Cambodge

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