Helio-kratie

Publié le par Elo

Helio-kratie

La route jusqu'à Kratie est bonne et surtout très belle. Par contre nous partons trop tard et faute de mieux, nous nous posons dans un village à la nuit à côté d'une sorte de décharge qu'on ne perçoit pas vraiment !! trop sympa. De toutes façons, on est tous fatigué par la route et on s'endort assez rapidement. C'est le matin lorsque le soleil apparaît que l'odeur nous rattrape !! C'est aussi la première nuit que nous passons dans les bas et ce que je craignais, s'avère devenir réalité... la chaleur la nuit dans le camion est à son comble !!

 

Le lendemain, nous arrivons à Kratie par une petite route qui longe le Mékong au milieu des villages qui le bordent. Les maisons sont en bois, sur pilotis parfois très haut. En-dessous, les familles cuisinent ou se reposent dans des hamacs. Ici, les enfants, dès leur plus jeune âge sont bercés dans les hamacs... enfin, bercés... parfois même balancés assez rapidement!! Des fois je me demande comment ils restent dans les hamacs sans s'envoler, mais tout a l'air solidement attaché, les hamacs comme le cœur et l'estomac des bébés bercés!! On a même rencontrés de petits jumeaux bercés, un avec un pieds l'autre avec une main à quelques mètres d'écart. N'empêche les enfants dorment dans toutes conditions, bruit, chaleur, fumées, route... L'autre truc que j'aime c'est les hamacs dans les tuk tuk pour se reposer un peu entre 2 courses ou en attendant le client... j'ai bien pensé en installer un dans le Camigéon mais j'ai pas trouvé de points d'ancrage assez solides!! Au Cambodge, le hamac c'est carrément un art de vivre. On en trouve partout, dans toutes les maisons, guesthouses, restaurant dans la moindre paillote et il y a même des cafés avec que des hamacs. Ça nous plaît pas mal comme philosophie de vie le hamac. Prendre le temps de ne pas se faire écraser par la chaleur ou la routine!! Deux arbres ou deux poteaux et on installe son lit ou son siège pour 10 minutes ou 2 heures... quand on vit dans un climat tropical, on comprend bien ça!! Un hamac et un jus de fruit frais c'est carrément trop de bonheur.

Toujours est-il qu'au bord du Mékong, la vie s'écoule au ralenti sous la chaleur. Devant chaque maison, de grandes jarres servent de réserves d'eau, avec couvercles ou non. Elles sont pigmentées de poussières rouge laissant à peine transparaître encore leurs motifs originaux. Au fur et à mesure de la journée, les maisons s'emplissent et se désemplissent. La journée on fuit la trop grande chaleur sous les pilotis ou à l'ombre des maisons. Quand enfin le soleil décline, tout le monde sort profiter de ces heures agréables. Les adultes discutent, les enfants jouent tous en groupes. Peu à peu la chaleur écrasante cède sa place à une fraîcheur nocturne toute relative. Le soir, alors que tout le monde est couché, on peut voir les vaches blanches réunies sous les pilotis autour de lampes jaunes, ruminant paisiblement. Elles ont l'air de discuter autour d'un verre, leur mâchoire en action sous une lumière dont la couleur rappelle celle de la bière locale. Plus rien ne vit sauf elles.

En arrivant, le soleil est au zénith. On se pose pour déjeuner devant un point de vue et je pars visiter un temple avec Eren, toujours aussi fan de "boudin" (et nous, ça nous fait toujours rire...) pendant que Vincent et les enfants font connaissance avec les habitants du coin et notamment un jeune garçon qui parle un anglais parfait, tout comme les moines du temple.

Lorsque l'heure de retourner à l'école a sonné nous remontons le Mékong au coin des dauphins de l'irrawady, ces dauphins d'eau douce au nez court. C'est absolument magique, en tout cas pour nous qui pourrions rester des heurs à observer n'importe quelle vie sauvage. Depuis une plateforme, nous passons l'après-midi à les admirer tout en vacant à nos occupations. Il y en a beaucoup plus qu'au Laos même si l'espèce est en voie de disparition. Il y a aussi un tas de bateau pour aller les voir de plus près mais là, ce n'est pas l'idéal. Les bateaux allument et éteignent leur moteur en permanence pour aller au plus près de ces doux mammifères marins. C'est une véritable course poursuite alors que du bord, on les voit très bien jouer, nager, se rencontrer. En fin de journée, avec Nael, on ne résiste pas à l'envie d'aller piquer une tête. L'eau est ici plus bleue qu'ailleurs. Enfin de loin. De près et les pieds au fond, on remue le sable bien sûr. A cet endroit l'eau est chaude et pas si rafraîchissante mais c'est pas grave, vu la chaleur ça fait un bien fou. Le coucher de soleil sur le Mékong nous avait manqué. Il diffuse des lumières roses et oranges sur cette vaste étendue d'eau parsemée d'île couvertes de végétations luxuriantes.

En passant on a repéré un grand parking ombragé et sur le Mékong des tas de paillotes aux toits de paille qui nous intrigue. On décide d'aller voir ça de plus près. Bon, l'entrée est payante c'est en fait un endroit touristique, des paillotes posées sur les rapides du Mékong. On peut y louer des bouées, s'y baigner ou s'y reposer dans les hamacs posés sous les paillotes. On décide d'y boire un verre, les prix annoncés pour les repas nous paraissant un peu excessif. De fil en aiguille, la femme nous propose des plats bien moins chers et une fois la commande passée, nous sommes les seuls touristes dans les lieux et la famille et les amis se sont réunis à côté. Ils finissent par nous inviter à boire des bières avec eux et à partager un repas de poissons crus préparés à la cambodgienne. La sauce est exquise et on le mange dans un bout d'oignon avec des tas d'herbes comme au Vietnam. Nous passons une super soirée entre éclats de rire pour se comprendre, car personne ne parle un mot d'anglais, et karaoké avec une belle prestation de Vincent. Il chante un morceau de Balavoine qui a un grand succès et relance son auditoire dans de grands éclats de rire ; surtout quand ils se lancent dans les aigus, ses passages préférés pour ceux qui le connaissent !!

Au réveil, toujours aussi chaud, direction l'île de Koh Trong que nous avons décidé d'arpenter en vélo. Notre plan est un moment compromis parce que le loueur n'a aucun vélo qui convient pour transporter Eren et après notre aventure dans le Delta du Mékong qui a fini aux urgences, on préfère être prudents. En fait, je crois qu'il voudrait nous louer des scooters. Comme nous passons une heure à discuter avec une famille française rencontrée là et qui connaît bien l'Asie, il finit par nous sortir un vélo avec un siège bébé incroyable et un vélo pour Nael emprunté aux enfants d'à côté. A nous le vent dans les cheveux et la découverte de cette petit île du Mékong.

On longe un petit chemin qui fait le tour de l'île à la rencontre des vaches blanches du Cambodge, des charrettes à cheval et des petits villages avec leurs maisons sur pilotis. La végétation est, comme partout au Cambodge d'un vert éclatant qui contraste avec le bleu azur du ciel. Du moins quand il y en a parce que plus on avance dans le pays plus on s'aperçoit que la végétation est clairement clairsemée. Certes nous sommes en saison sèche bien avancée mais ça manque d'arbres... Sur cette île, ce n'est pas vrai partout. Les enfants nous saluent, les gens sourient et le Mékong coule tranquillement.

On fait un premier arrêt sous les bambous qui chantent dans le vent accompagnés de cigales assourdissantes attirés par la promesse alléchante d'une piscine. Le serveur nous demande 5 dollars par personne pour une eau plus que chaude, et pas très claire. Alors on repart à la recherche d'un petit coin où se baigner dans le Mékong. La famille qu'on a retrouvé au bord de la piscine nous indique une petite adresse pour manger sur la route. On en trouve finalement une autre, le bamboo café entouré d'enfants qui jouent dans les charrettes, avec des élastiques et des tongs à la sortie de l'école. Une plage est indiquée mais le Mékong est loin et il faut traverser une immense étendue de sable fin sous le soleil de plomb... En attendant des heures plus douces, on mange de bons petits plats accompagnés d'eau de coco pendant que les enfants jouent.

Le tour de l'île se termine sur la vue d'un village flottant éclatant sur le Mékong et par la traversée d'étendue désertes, de champs et de la route qui passe au milieu des maisons.

Après avoir rendu les vélos, on se rend à l'embarcadère où on a repéré un tas de paillotes. Effectivement cette fois c'est la bonne heure, les paillotes sont pleines de familles et de jeunes venus terminer la journée en musique aux sons de leurs enceintes poussées à fond, visiblement une mode au Cambodge. On ne se promène jamais sans une enceinte. Cette fois, l'eau du Mékong est rafraîchissante et on y plonge avec délice, tout habillés à la mode local. On vexe le gérant des lieux en refusant de partager une bière. On a beau lui expliquer que la soirée de la veille a été longue, je crois que ça ne se fait pas. Une pluie tropicale soudaine chasse une partie des baigneurs mais ne nous empêche pas d'admirer un coucher de soleil magnifique comme c'est toujours le cas sur le Mékong, juste avant d'embarquer pour la rive d'en face où nous passerons la nuit au son d'un orage qui s'approche et s'éloigne. Le lendemain, nous avons rendez-vous avec les éléphants mais pour ça, il faut encore parcourir quelques kilomètres.

 

Publié dans Cambodge

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article