Entre crabe, poivre et lapin, de Kep à Kampot: épisode 1 de crabe à Kep

Publié le par elo

Entre crabe, poivre et lapin, de Kep à Kampot: épisode 1 de crabe à Kep

Avec cette chaleur, pas le courage d'attaquer la ville tout de suite alors on a choisi de profiter quelques jours de la mer qu'on n'a pas vu depuis un moment. Pour commencer on se dirige vers Kep, là-bas, la spécialité c'est le crabe au poivre vert...

On se dirige vers Angkol beach dans l'espoir d'y dormir. La route et magnifique, entre collines et marais salant, de grandes étendues paisibles où dominent toujours les couleurs du Cambodge ; vert, bleu et rouge. On arrive juste pour le coucher du soleil et ça vaut le coup. Par contre on est vraiment dans un petit village alors on demande si on peut dormir avec le Camigéon dans un coin. La réponse est non et celle qui nous la donne s'éloigne et se ferme sans nous laisser aucun espoir de négociation. On se promène un peu sur la plage, on admire les bateaux de pêche espérant toujours que la dame change d'avis. Mais non, elle nous regarde de loin attendant qu'on parte alors on reprend la route en direction de Kep pour trouver un endroit où dormir. Il fait chaud et quand on passe devant la plage, les enfants réclament une baignade. On s'installe pour préparer le repas pendant qu'ils profitent de la mer. On a repéré un grand parking en bord de mer où le vent souffle et les arbres font de l'ombre, parfait pour la nuit. La baignade fait du bien avec cette chaleur écrasante.

Le jour suivant c'est le 1er mars, le jour de mon anniversaire. Comme on n'est pas loin, on va faire un tour au marché aux crabes. On y voit surtout des tas de crevettes, du poisson et des stands de nourriture mais malgré l'heure matinale, l'odeur est déjà écœurante. On ne s'attarde pas. Les crabes sont surtout devant les restaurants qui les préparent dans des aquariums. Les fameux crabes bleus sont tout jeunes et tout petits, bien plus juvéniles que ceux dont on s'est régalé au Vietnam. Ce pourrait devenir un problème puisqu'ils n'ont pas le temps de se reproduire avant d'être mangés!! Encore une gestion des ressources étonnantes.

A côté du marché, un salon de massage est fermé, barré par un scotch jaune qui indique l'affaire criminelle. Vincent a eu le temps de faire connaissance avec un patron de bar français la veille au soir qui lui a expliqué tout ça. Une sombre histoire de meurtre d'une jeune femme du coin par un touriste américain deux jours auparavant. La population est choquée, nous aussi. Heureusement c'est aussi parce que cela n'arrive pas ici... une nouvelle déviance du tourisme ou plutôt du touriste qui se croit tout puissant.

 

Comme c'est moi la reine du jour, l'envie me prends de filer vers l'île aux lapins, une petite île pas loin de la côté qu'on atteint en bateau et où on peut, a priori, louer des bungalows pour pas trop cher. On prend les renseignements, tout est facile. On arrive en fin de matinée sur l'île et je ne regrette pas mon choix. On trouve un bungalow parfait pour nous 5, juste en bord de plage. La vue depuis le hamac sur la terrasse est superbe, l'endroit est calme et bien aménagé, tout mignon. On a trouvé là un vrai coin de paradis. C'est sûr, tout le long de la plage, il y a des bungalows, mais tout a été construit dans le respect du lieu, discret, plein de charme et les pieds dans l'eau. On passe une journée agréable en plage, promenade et hamac. J'ai droit à un massage à l'huile de coco sur la plage pour le coucher du soleil. C'est la première fois pour moi depuis qu'on est en Asie et c'est franchement agréable. En plus, la carte du restaurant est plus qu'alléchante ; poissons, fruits de mer... Pour le midi, on se régale d'un poisson grillé sauce au poivre et on garde les crabes et les crevettes pour le soir. Par sécurité et pour fêter ça on a amené notre bouteille de vin !! En fait il y en avait sur place mais on nous la garde au frais. J'ai même droit à un pancake géant au chocolat où sont plantées mes 25 bougies.... ou presque... avec la complicité du maître des lieux. Une journée magique donc pour mon anniversaire. Et le lendemain, on en profite aussi avant de prendre le bateau en fin de journée. On marche autour de l'île avec des arrêts baignade dans l'eau turquoise. On se croirait presque sur une île déserte quand on s'éloigne un peu de la plage d'arrivée. En plus, on peut presque se prendre pour Robinson Crusoé sur le sentier au milieu de la jungle. On s'accorde quand même un dernier poisson grillé avant le retour.

 

Après tant de bonheur et de détente, on en rajoute en allant admirer le coucher de soleil (en travaillant un peu) au sailing club de Kep, pas le genre d'endroit qu'on fréquente habituellement mais on nous en a dit du bien. Et c'est vrai, le lieu est magnifique, superbement aménagé surtout pour un coucher de soleil. On décide de rester pour le dîner... léger vu les tarifs !! Il y a même une baby sitter qui occupe les enfants toute la soirée avec des jeux géants et plus petits. Nous on a quasiment les pieds dans l'eau et le ciel étoilé est superbe. Tant d'émotions annoncent une nuit calme et paisible dans notre Camigéon retrouvé.

Le lendemain c'est réveil avec des étoiles plein les yeux. Pour changer de la mer, on décide de prendre de l'altitude, direction le Bokor... on ne sait pas trop à quoi s'attendre mais une journée au frais ne nous fera pas de mal, c'est certain. Sur la route qui monte en serpentant, les point de vue nous enchantent entre mer, delta et marais salants. La station du Bokor est comment dire... chinoise !! Après un séjour en Asie, on comprend mieux ce que ça veut dire. Autant les anciennes civilisations chinoises construisaient des ensembles architecturaux de toute beauté autant les complexes qui envahissent l'Asie du sud est sont... comment dire... criard peut-être. Un quart disneyland, un quart démesuré, un quart resort et le dernier quart kitsch bien entendu. Et on ne sait pas bien pourquoi mais ils ne semblent jamais terminés.

Bref, le Bokor, au goût d'antan colonie française (une indigestion de passé colonial donc) a été revu et corrigé au goût chinois ; casino, activités de plaisance, bloc d'immeubles et grands hôtels. Beaucoup de béton, de petites fenêtres et des parkings pour accueillir les cars remplis à ras bord d'heureux vacanciers. Heureusement, le lieu est vaste et on y découvre quelques coins merveilleux qui n'ont d'égale que la température qui nous permet de respirer un peu. On découvre en vrac des petits sentiers perdus ça et là, une rivière au milieu des cailloux, des papillons de toutes les couleurs, des cairns à gogo, des rizières, des ruines envahis par la végétation et les traits de crayon, un petit lac et pas mal de point de vue. C'est décidé on y passe la nuit pour une soirée saucisse de canard confite et feu de joie avec les cours du CNED.

 

Avant ça, une voiture de chinois nous appelle à la rescousse alors que nous tentons d'aller voir de plus près quelques vieilles pierres françaises. Ils sont en panne avec leur voiture et apercevant le Camigéon nous prennent pour des dieux de la mécanique. Grave erreur! On jette un œil avec eux mais leur voiture est pleine d'électronique et refuse de démarrer. Les pauvres sont complètement perdus. Ils ne parlent bien sûr ni anglais ni aucune autre langue que le Chinois, n'ont aucune idée de la façon dont fonctionne leur voiture, n'ont aucun fusible de rechange ni quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à un outil d'ailleurs. Malgré notre bonne volonté, nous ne pouvons rien faire pour eux. Un groupe de scooter arrive chevauché par un italien et deux américains du sud de passage. La rencontre est belle. Nous nous y mettons tous et finissons par les convaincre de choisir l'option “appel à un ami”... de Chine bien sûr. Les langues se mélangent dans un joyeux brouhaha, les aventures s'emmêlent et nous nous quittons tous à la nuit tombée après une photo de groupe mémorable !!

Pour nous c'est direction le lac. On s'y pose un peu trop près mais le gardien vient gentiment nous dire que ce n'est pas possible. Il nous conseille bien sûr d'aller en ville “pour notre sécurité”. Il est décidément fort gentil et devant nos mines déconfites et nos regards(un peu) insistant, il reprend son talkie walkie pour demander quand même à la centrale de nous autoriser à dormir là. C'est oui mais sur le parking à côté. Il nous montre 10 fois qu'il habite juste à côté et nous montre caché derrière la colline un... bloc sanitaire... incroyable, WC et douches que rien n'indique !! sur un immense terrain désert. On peut enfin faire notre feu de joie avant de dormir... sous la couette !! ça nous manquait presque !!

Au petit matin les rayons du soleil dardent leur pâle lueur sur les eaux troubles du lac de montagne, les chants des oiseaux, eux, sont saisissants, incroyables... nos oreilles en distinguent quelques uns totalement inconnu dont une sorte de croassement très mélodieux qui m'intrigue depuis quelques temps mais que je n'identifie pas. On entend souvent aussi les gecko tokay, grands geckos arboricoles de toute beauté au cri bien singulier. Décidée à m'approcher de la forêt immergée pour y apercevoir des oiseaux incroyables, nous négocions ardemment un bateau cygne... hors de prix dans une contrée si reculée !! Du coup, on monte à 5 dedans en se posant tout de même quelques questions sur la sécurité d'une telle embarcation. Elle tient le choc par contre les pédales sont tellement bruyantes qu'on n'entrevoit même pas la plus petite plume de la queue d'un oiseau. Tant pis on s'est bien amusé sur notre cygne bicolore.

 

Un détour par les ruines que nous n'avons pas vu la veille. Au milieu de la verdure et des chants si particulier des cigales cambodgiennes, elles se dressent décorées de multiples graf qui en font tout l'intérêt. Du moins ce jour là parce que la vue sur les environs est complétement bouchée par une brume opaque et épaisse, ruisselante presque d'humidité tropicale. Elle entoure l'endroit d'un halo de mystère propre à faire galoper toute imagination. Les touristes françaises à côté de moi s'enfuient en courant, persuadées qu'elles sont d'entendre de petites créatures des bois malicieuses ricaner dans les buissons sur leur passage. Un excès de films d'horreur en tout genre certainement. Eren, lui est occupé à ramasser toutes les ordures du coin en sautant à pieds joints, nus bien sûr, dans la boue puisqu'il a encore égaré ses chaussures dans un coin... oui mais lequel ? Je finis donc d'arpenter le coin seule au milieu des hautes herbes à la recherche de nouvelles découvertes sensorielles.

 

Nous redescendons ensuite directement car un peu juste en essence... heureusement, on est finalement dans le bon sens. C'est avec joie que nous trouvons aux pieds du Bokor une station essence et la chaleur cambodgienne du mois de mars. Le plein fait, nous dirigeons nos roues vers Kampot.

 

 

 

Publié dans Cambodge

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