La vie grouillante du sud Vietnam, Saïgon et le têt, épisode 2

Publié le par Elo

La vie grouillante du sud Vietnam, Saïgon et le têt, épisode 2

Fuite en avant

 

A Ho Chi Minh, je préfère l’appellation Saïgon, plus évocatrice sûrement, plus jolie, je la trouve plus poétique. Peut être des restes de mes lectures de Marguerite Duras dans ma jeunesse...

Nous y avons réservé une chambre dans un nouvel hôtel où tout est construit en palettes et où il y a de petites terrasses au-dessus de la ville. L'idée nous a plu. Nous nous trouvons au final au centre de la vie nocturne de Saïgon mais dans une ruelle à l'écart du bruit, un bon choix donc. Le petit déjeuner est en self service le matin avec une jolie vaisselle en bambou comme je les aime. On se croirait à la maison avec pain, beurre, confiture, bananes. Ça nous change un peu, les œufs le matin, c'est sympa mais on en a fait comme une overdose. Les enfants mettent dans le grille pain un tas de tartine de pain de mie et les couvre de beurre et de confiture. Le bonheur quoi ! Le matin on est seul mais c'est vrai qu'on n'a croisé personne d'autre dans l'hôtel.

Au dehors, un dédale de ruelle nous mène à la walking street emplie de bars, de resto, de salons de massage et autres. Il y a en fin de journée et jusque tard la nuit une vie incroyable dans cet endroit. La rue n'est, en réalité qu'à moitié piétonne puisque les deux roues ont le droit d'y circuler et ils règnent en maître sur les villes d'Asie. Chaque bar met le soir sa musique à fonds et certains se baladent aussi avec leurs enceintes et un micro pour chanter devant les bars. Il ya quelques groupes qui se produisent dans les bars, façon karaoké, un must ici. Bref, c'est une véritable cacophonie et on a le choix de l'ambiance et même de la multi ambiance pour faire la fête. La rue est pleine de monde, beaucoup de touristes mais aussi beaucoup de vietnamiens qui font la fête. Les décibels concurrencent les néons, une véritable boîte de nuit à ciel ouvert. A Hué, on avait rencontré une jeune saïgonnaise en quête d'amour qui nous avait parlé de sa ville. Elle nous avait expliqué qu'au-dessus de Hoi An, elle trouve les mentalités très traditionalistes alors qu'à Saïgon tout va vite, tout est moderne. On comprend ce qu'elle a voulu dire.

Heureusement, les ruelles qui entourent la rue principale sont plus calmes. On y mange le soir sur le pouce de bons petits plats commandés à l’œil accompagné de jus de fruits frais ou plus sophistiqués pour le plaisir des enfants (glace, crème chantilly, gâteaux). Ils se font vite adopté dans cette ambiance familiale et on retrouve chaque soir les mêmes personnes.

Ce qui me frappe plus qu'ailleurs c'est aussi la prostitution. On sait qu'elle est présente partout en Asie mais là elle saute aux yeux. Je découvre le vrai visage des salons de coiffure dont j'avais déjà entendu parler. Jusqu'à présent c'était plutôt discret. En marge de la walking street, de jeunes femmes aux longs cheveux noirs en petit short et talons aiguilles attirent le client. Devant les salons de massage c'est pareil. Les bars aussi, parfois, attirent la clientèle avec des hôtesses en tenue légère. En faisant connaissance avec un français installé avec la propriétaire du salon de massage en bas de notre hôtel, nous apprenons de quelle façon les salons de massage servent de camouflage. Il paraît que les contrôles de police sont fréquents et il faut pouvoir faire bonne figure. Les salons proposent donc des massages dans des pièces privées, au tarif à peine plus élevé que les massages ordinaires. La police qui veille au grain, en profite au passage pour en tirer de petits bénéfices toujours bienvenus pour compléter des salaires trop bas. Bref, la machine est finalement bien rodée.

Malgré tout, les rues et ruelles restent animées et joyeuses, en tout cas aux heures où nous les avons fréquentés. Le quartier est attrayant et plein de vie.

Saïgon donne envie de s'y attarder, malheureusement, nous approchons du têt et nous voulons rejoindre la frontière. Nous nous promenons un peu dans les rues, entre les bâtiments coloniaux, au bord de la rivière et dans les avenues immenses emplies de scooter où on risque sa vie à chaque fois qu'on traverse. On se rend au marché acheter quelques souvenirs avant de quitter le Vietnam. L'ambiance est assez particulière. Autant, nous avons été surpris en arrivant dans le sud car les prix nous semblent moins cher et nous n'avons plus besoin de négocier le moindre bout de pain, ce qui était un peu dur dans le Nord, autant le caractère des vendeurs er surtout vendeuse est ici bien trempé. Ainsi au marché, nous ne pouvons faire 1 pas ou regarder quelque chose sans que la vendeuse, la plupart du temps, nous saute dessus. Dès le début, alors que je touche un objet la vendeuse se déplace et m'engueule quand je dis que je ne veux que regarder. Ensuite, nous en vexons quelques unes et je me fait passer un savon par une vendeuse qui m'annonce un objet 5 fois plus cher qu'à un autre endroit. Elle me traite de menteuse et me dit que si je continue à raconter des choses comme ça, tout le monde va me prendre pour une folle dans le marché. Elle s'exprime fort, avec colère. Je la remercie et part acheter à sa voisine moins sauvage. Mais quand je reviens vers la première, elle ne veut plus me parler parce que je ne lui ai rien acheté en passant la première fois. Bref, on décide d'aller manger un morceau pour se remettre de nos émotions mais là, c'est pire. Une des serveuse me serre carrément le bras pour que je mange chez elle et ne veut plus me lâcher. On ne peut traverser les stands sans se faire alpaguer. Elle me signifiera bien sûr sa désapprobation quand j'irai manger sur un autre stand. On s'enfuit donc de ce marché pour arpenter les rues alentour, bien plus tranquilles.

 

Nous en profitons aussi pour assister au AO show, car je suis très déçue de ne pas avoir pu y aller à Hanoï. La Lune production propose des spectacles de danse, musique et cirque avec des bambous et autres objets traditionnels dans les deux villes.

A Ho Chi Minh, le spectacle a lieu à l'Opéra, avec une visite des locaux en prime. Avec les grands on utilise les billets gratuits qui accompagnent ceux du spectacle et permettent de visiter le musée de la guerre. J'avais un peu hésité mais on profite de la sieste d'Eren pour nous y rendre. Il s'agit pour beaucoup de photos de guerre, et autres objets et vestiges. Autant dire que l'expo photo est assez choc mais très bien faîte. J'ai l'impression se sentir sur moi des regards désapprobateurs quant à la présence des enfants ici. C'est vrai que, moi-même, je ne suis pas toujours à l'aise devant certaines photos. Finalement eux n'ont pas l'air du tout gênés. On a beaucoup abordé le sujet et ils savent à quoi s'en tenir. Ils voient tout ça avec leur regard innocent d'enfants. Et leurs réflexions sont spontanées: rires devant une scène de bouche à bouche “Maman, t'as vu, la les 2 messieurs ils se font un bisous sur la bouche. Ils sont amoureux ?”, devant des prisonniers enchaînés “Pourquoi ils ont des cordes autour du cou les gens là ?”. Parfois j'essaye de passer un peu vite devant certaines photos mais Loulou râle “Tu peux pas nous laisser regarder l'exposition tranquillement, là.”

Soit. On arrive à la fin sur des photos de malformations diverses dues aux retombées des bombes chimiques et aux UXO. Je prends quand même excuse de l'heure pour éviter les salles “crimes de guerre” et “bombes chimiques”, me disant qu'ils en ont peut-être assez vu. La vérité, c'est que je suis beaucoup plus touchées qu'eux. J'ai parfois du mal à retenir mes larmes alors qu'eux abordent ça avec innocence. Je pense toujours que les enfants doivent avoir conscience de la réalité de la guerre, eux qui la voient toujours comme un jeu, et des erreurs de l'histoire à ne pas reproduire eux qui sont l'avenir de la planète. En tout cas, pas de cauchemars ni de traumatisme visible !! Mais des réflexions plutôt intelligentes sur la guerre.

 

Bref, à la sortie nous devons nous rendre à l'Opéra et j'aurais aimé visité les locaux. On s'y prend donc en avance mais on tombe mal. Aucun taxi ne veut nous emmener. Comme ils ne parlent pas anglais, j'ai du mal à comprendre si ils ne comprennent pas où je veux aller ou s'ils ne veulent pas m'emmener. Après avoir essuyé plusieurs refus et en, désespoir de cause, je finis par aller voir 2 jeune femmes avec leur tee-shirt jaune qui annonce street food tour, elles au moins parleront anglais. Elles sont tranquillement assises sur leur scooter en train de discuter... Le temps avance et je me demande alors si nous n'allons pas rater ce spectacle que je tiens à voir. Elle confirme auprès d'une chauffeur de taxi qu'il ne veut pas y aller car c'est l'heure de pointe. Très gentiment, elle m'appelle un uber et nous discutons un moment en l'attendant. Heureusement, il connaît parfaitement la ville et en empruntant les petites rues où le trafic est moins dense, nous arrivons à l'heure !! Seuls Vincent et Eren ont fait la visite de l'Opéra. Tant pis, on verra au moins le spectacle !

Les tarifs des billets sont élevés et lors de leur achat, nous avons dû nous battre pour qu'Eren puisse venir avec nous. L'argument est que les lumières s'éteignent ce qui peut faire peur aux plus jeunes. Je suis bien d'accord et je pense que la précaution est utile. D'un autre côté, je connais Eren et je sais que, devant un spectacle de qualité et sur mes genoux, tout se passera bien. En voyage, il nous réclame sans arrêt d'aller voir des spectacles et il apprécie vraiment ces moments. L'offre très jeune public étant inexistante ou en tout cas, nous n'avons pas encore les réseaux pour la trouver, nous choisissons ce que nous voulons voir. Résultat, le manager nous surveille pendant toute la séance. Il nous a prévenu, si Eren pleure nous devrons sortir. A la moindre alerte, il s'approche pour voir ce qui se passe. Eren est bavard et je fais tout ce que je peux pour le faire taire ! Bien sûr, notre petit bonhomme ne verse pas une larme et est émerveillé. Nous passons un super moment pour un spectacle de qualité : plus de 20 artistes sur scène, des constructions en bambou impressionnantes et des artistes à la présence incroyable. Les scènes de vie quotidienne sont décrites avec parfois de l'humour, parfois de la tendresse, parfois de l'émotion. Nous sortons dîner des étoiles plein les yeux.

Pour quitter le Vietnam, ayant un peu traîné, nous avons finalement renoncé à re-passer par le Laos, notre idée initiale. Il nous faudrait, à nouveau, payer 5 visas pour n'y rester que quelques jours. Finalement, Vincent ira seul chercher le Camigéon pendant que nous l'attendrons au Cambodge. Nous devons prendre une autre décision : l'anniversaire de Lounela approche. Elle va avoir 10 ans, c'est pas rien !! Pour le fêter en famille nous décidons donc de faire un détour au paradis (cf 10 ans déjà!!). Cette escale reposante effectuée, le têt est encore plus proche et nous devons rejoindre Pleiku qui se situe entre les 2 frontières. Pour ménager les enfants, il nous faut faire des pauses et trouver le bon trajet car il n'y a pas de bus direct. Les transports se raréfient en cette période et la tâche se complique. Il faut se creuser les méninges pour trouver des solutions mais encore une fois, on est bien décidé à trouver des solutions.

Finalement, nous devons faire étape à Nha Trang, ville de bord de mer bétonnée qui ne nous tentait pas du tout. On fuit vite. D'immenses immeubles défigurent le bord de mer surtout fréquenté par des russes. Comme à Mui Ne, on retrouve partout l'alphabet syrillique. La côte sud est teès fréquentée et bétonnée par les Russes.

Nous allons ensuite jusqu'à Buon Ma Thuot où nous passons deux nuits en attendant un transport. Nous en profitons pour essayer d'aller voir les éléphants mais nous tombons à nouveau dans un traquenard touristique, aspect qui commence à nous fatiguer au Vietnam. Pourtant nous continuons à prendre les bus locaux et à nous débrouiller par nous même mais la vérité c'est qu'on a l'impression de ne jamais réussir à voir le vrai Vietnam. Le secteur touristique est un des moteurs de l'économie. J'ai lu que plus de 30% de la population active y travaille et ça se voit. C'est à la fois sûrement positif pour le pays mais parfois fatiguant pour le touriste. Tout est fait pour consommer et tout le monde essaye de tirer un maximum de profits des touristes. Bref, il est temps de continuer le voyage sous d'autres cieux.

Après cette escale, nous nous rendons à Pleiku et là ça se complique. Heureusement, la ville est sympa. Nous sommes encore dans un quartier de bars et resto mais cette fois, pas de touriste à l'horizon. Nous demandons à l'hôtel, nous appelons, nous nous déplaçons à la gare mais impossible de trouver un bus avant 10 jours. Bref, après avoir remué ciel et terre, on finit quand même par trouver une solution. Un taxi viendra nous chercher le matin les enfants et moi pour nous rendre à la frontière du Cambodge, une fois que nous l'aurons passé, il nous faudra trouver une solution pour rejoindre Banlung dans le Ratanakiri. Vincent, lui, part à la recherche d'un bus local qu'on nous a indiqué pour Kontum et ensuite il devra trouver un autre bus, un scooter ou un taxi pour rejoindre la frontière du Laos où il retrouvera le Camigéon. On reste en contact pour être sûr et rendez vous à Banlung !!

 

 

 

 

Les nounours de la St Valentin

Phrase du jour de Loulou dans les ruelles de Saïgon : “J'adore comment les femmes s'habillent ici, les short avec les grands talons, c'est classe non ?”

 

“Euhhh...”

 

Publié dans Vietnam

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