Et de une

Publié le par Elo

 

Ca y est, nous avons fini notre première carte !! Et alors, me direz-vous, c'est ce qui était prévu,non. Il va même en falloir plusieurs des cartes, vu le périple !! Oui, mais...

Autant vous dire que c'était pas gagné d'avance. En tout cas, il fut un moment... disons un instant donné... enfin, à peine quelques secondes... voire tout un été (!!)...(bon j'accorde qu'en métropole ils ne sont pas si long que ça!!)... où on aurait pu se permettre d'hésiter... voire de s'interroger... ou pour le moins d'avoir tout comme un doute (dé)raisonnable... ou pas... qui nous taraudait le projet.

Bref, vers la fin du mois d'août, j'ai eu, je l'avoue, ma première période de découragement. Et oui, ça arrive même aux meilleurs d'entre nous !! C'est à dire que dans ce sombre tunnel que nous avons traversé pendant deux mois, il y a un instant où j'ai perdu de vue la porte pleine de lumière qu'il y a toujours au bout de chaque tunnel aussi sombre soit-il. Enfin, je crois que c'est comme ça qu'on dit, non ?? La lumière, salvatrice... ou pas... quand on se permet de douter de l'existence de toute salvation quelle qu'elle soit, que croire ??... Qui était là en premier, la poule ? L'oeuf ? La poule ? Le dinosaure ?? Darwin ??... Mais je m'égare... Toujours est-il que cette lueur qui peut donner un peu d'espoir quand tout ce qu'on a construit pas à pas s'effondre autour de nous, pire qu'un cyclone en plein été tropical déracine les arbres plantés au milieu du paysage depuis si longtemps. C'est peut-être un peu exagéré mais à peine !!

Quand donc me direz-vous ?...

Pas quand on s'est rendu compte qu'on avait acheté un camion pourri, infiltré des pieds et de la tête à un prix plus que déraisonnable. Non.

Pas quand on s'est également rendu compte qu'on ne pourrait pas le faire réparer en plein été à un tarif juste acceptable pour notre porte monnaie. Non non.

Pas quand on a enfin compris qu'il n'y avait rien à attendre du vendeur (et là, notre naïveté a été longue). Mais... non.

Pas quand on a abandonné un à un des bouts de notre beau projet : longer la mer Baltique, et de un, aller voir des ours et des loups avec une asso qui les réintroduit dans leur milieu, et de deux, se perdre en Russie, et de trois, traverser le Kazhakstan, et de... ah non, là on n'arrête même de compter... randonner au Kirghistan, visiter la Mongolie en long en large et en travers, un vieux rêve qui a dicté notre trajet et notre façon de voyager. Non.

Pas quand après avoir retourné le problème dans tous les sens, avoir envisagé toutes les solutions imaginables nous avons finalement décidé d'acheter... un deuxième camping car... en ponctionnant notre ultime réserve de secours. Non...

Pas quand nous avons appris que le deuxième camping car que nous avions choisi était déjà réservé et qu'il nous fallait attendre encore. Non.

Pas quand on s'est rendu compte qu'il y avait pas mal de chose à faire sur le Camigéon. Un camion de 1993, ah bon ?? Il est pas comme neuf?? Ben non.

Pas quand à chaque fin de la semaine qu'on s'était fixé comme dernière mais dernière limite pour partir, on prolongeait à nouveau de 15 jours notre ultime date de départ envisageable, raisonnablement je veux dire... et le raisonnable ça nous connaît !! Non, toujours pas.

Pas quand le groupe qu'on devait rejoindre en Chine a catégoriquement refusé de reculer ne serait-ce que d'un jour le rendez-vous à la frontière. Non.

Pas quand chaque jour, le nombre de kilomètres à faire par jour augmentait en sens contraire de notre moral. Non.

La liste est encore longue mais je vais m'arrêter là, au risque de vous perdre... Le moment où mon moral a vacillé c'est encore après tout ça...

C'est juste quand, après avoir quitté Villeneuve sur Lot pour Paris, c'est à dire un trajet d'environ 650 kms sur les 40 000 prévus, nous nous sommes fait sortir deux fois de l'autoroute par une dépanneuse !!

Hé oui, quand la guigne vous colle à la peau c'est difficile de s'en dépêtrer.

La première fois, la courroie de frein a lâché sur l'autoroute... Et... se retrouver sans frein sur l'autoroute avec ses enfants à l'arrière à l'aube d'un voyage à travers l'Asie avec son véhicule c'est... juste le top !! On n'en avait pas de rechange. On est tombé sur un super dépanneur mecano qui nous a mis au bord d'une petite rivière le temps de pouvoir réparer.

Le Lendemain après-midi, courroie changée, on se rend tous au garage pour repartir, on démarre. On pousse des cris de joie... Et... stop... Le mécano nous arrête. Au bruit, ce n'est pas bon. Tête dans le moteur... En fait c'est la pompe à vide qu'il faut changer.

Retour au bord de la rivière où on commence à rencontrer les habitants du village dont une charmante dame qui prend de nos nouvelles régulièrement, nous offre des légumes de son potager et nous montre sur un mur les marques des différentes crues inscrites dans l'histoire du village. Assez impressionant. C'est là d'ailleurs que nous faisons notre rentrée scolaire à la demande insistante des enfants. Bref, nous sommes finalement repartis deux jours plus tard. Motivés !!

 

Et nous avons gaiement fait 50 km jusqu'à ce qu'une forte odeur de gasoil se fasse sentir dans la cabine. On s'arrête en catastrophe sur une aire d'autoroute. Au ralenti, le moteur cale. On trouve vite la panne. Un injecteur pisse le gasoil !! Vincent essaye de resserer. On prend des conseils mais rien à faire. On finit par appeler à nouveau une dépanneuse. La standardiste d'Europe Assistance nous reconnaît même au téléphone !! Cette fois c'est dans un garage que nous passerons la nuit au grand bonheur d'Eren qui va de voiture cassée en voiture cassée. Nous n'avons plus un sou en poche et pas de distributeur dans le village. Nous avions prévu de faire la route en une journée pas en 4 jours. La boulangère qui a mis son commerce en vente et n'a plus de lecteur de carte a pitié de nous et nous offre une baguette, très gentiment. Le voyage commence...

 

Sur le trajet qui nous emmène à Paris, je suis morose. C'est la première fois que je sens le découragement me gagner. Moi d'habitude si optimiste au côté d'un Vincent qui voit tout en noir. Nous n'y arriverons pas. Le Camigéon ne nous emmènera pas jusqu'en Asie. On s'est encore trompé. .. On n'a pas fait le bon choix ou alors on n'a vraiment pas été assez sage pour mériter tout ça... Bref, pour la première fois, je broie du noir...

Alors c'est pour ça qu'aujourd'hui quand je regarde le chemin parcouru, cette trace jaune sur notre carte, je me sens enfin en voyage. Le camigéon nous a fait traverser l'Europe, nous a emmené jusqu'en Russie et tout ça contre un seul changement d'injecteur en Lettonie (le même qui n'a pas tenu la route).

En tout cas, jusqu'à ces pannes et malgré nos déboires, nous n'avons jamais pensé abandonner notre projet. Des années à l'imaginer, des mois à le préparer, les enfants sensibilisés, la maison rendue, les disponibilités prises, pour nous pas question de ne pas le faire. On s'est soutenu. On s'est encouragé chacun à notre tour. Les enfants aussi nous ont porté. On en a rêvé, on a fait rêvé alors maintenant... place au rêve éveillé. En route. On ira aussi loin qu'on pourra avec notre Camigéon d'adoption !!

 

Camigéon d'adoption
Remue méninges
Tout en sourires

 

Publié dans Russie

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